Vienne

Histoire

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Le site est mentionné dès l'antiquité sous le nom de Vindobona au Ier s., puis dans l'expression Ad UUeniam en 881 (Salzburger Annalen), lieu d’un combat proche, désigne soit la ville de Vienne soit la Vienne, la rivière qui la traverse.


Une voie consiste à considérer que UUenia, nom de la ville issu du nom de la rivière qui la longe au IXe siècle est sans rapport avec Uindobona, site gallo-romain au même emplacement. On a proposé dans le cadre de cette hypothèse pour l'interprétation du nom de la rivière un type d’origine celte *Vedunia, « ruisseau de la forêt »19.


Une autre voie estime que les dernières formes de Uindobona, Vindomina, Vendomina, seraient à l’origine du nom actuel Wien. On peut expliquer le passage de Uindobona à Wien par une rationalisation phonétique telle que [ųind’om∂n∂], ou [uind'om∂n], ou encore [uind'omņ], changé par les Germains en [ų'indmn], qu’un fort consonantisme simplifie ensuite : [ų'indn] > [ųinn], or [ųin:]20. Pour les tenants de cette hypothèse, il est admis que Uindobona est aussi d'origine celtique et composé de -vindo-, "blanc", et de -bona-, "fondation", ou -bonna-, "base"21. Ces deux entrées sont reprises par la plupart des ouvrages français consacrés à la langue gauloise mais les deux termes sont inégalement attestés dans la littérature étrangère, et si bon, "fondation" est par exemple mentionné, *vindo- ne l'est pas dans un ouvrage de langue allemande22, à l'inverse si *vindo- l'est dans un ouvrage tchèque de langue anglaise23 ou *windo- dans un lexique celtique en langue anglaise en cours d'élaboration24, *bona- ne l'est pas.


Uindobona serait donc "la ville blanche"25 ou la "ville de Vindos"26 selon d'Arbois de Jubainville. Cette dernière assertion "m'inspire des doutes", dit Ferdinand Lot. Ils concernent le deuxième terme -bona et, constatant que "Vienne (Wien) est sur la Vienne, et d'ordinaire c'est la ville qui tire son nom de la rivière et non l'inverse"... et que, "à 125 kilomètres au sud-est, on trouve une ville Arabona ou Arrabona, aujourd'hui Raab en Hongrie, située sur un cours d'eau du même nom", il se demande: "Ne serait-il pas plus logique d'interpréter Vindo-bona « rivière blanche », Ara-bona « rivière calme »? C'est peut-être une hérésie. Je la risque tout de même"27. Il a bien raison car non seulement Raab (Györ en hongrois) mais aussi Ratisbonne (Bavière), Serbonnes (Yonne), Troyes (Aube), Lillebonne (Seine-Maritime), en fait tous les lieux qui ont -bona comme deuxième terme sont des implantations gallo-romaines sur un cours d'eau secondaire se jetant dans une grande rivière. Il faut donc voir dans -bona une interprétation latine du gaulois *abona, "rivière", associé, comme -magus, -dunum, -durum, etc., à un premier terme.


A Vienne, ce premier terme est Uindo-, présent aussi dans de nombreux toponymes et surtout hydronymes ainsi que dans Vindon(n)us, tel qu’il apparaît dans l' inscription suivante : DEO APOLLINI VINDO[NO] VRBICIVS FLACCVS V(OTVM) [S(OLVIT) L(IBENS)] M(ERITO)28, ainsi que de manière plus fractionnaire dans : … [VIND]ONNO…29 et VIND[ONNO]…30. Ces trois inscriptions gallo-romaines ont été trouvées à Essarois (Côte-d’Or) prés de sources jaillissant dans un cirque naturel au lieu-dit la Truffière au quartier de la Cave. Des ex-voto réalistes représentent des offrandes au dieu ainsi que les différentes parties du corps guéries par les eaux31 Le rapprochement a pu être fait entre Vindonnus et les scènes de guérisons représentées sur des piliers d’origine romaine de l’église de Mavilly en Côte-d’Or. A 1500 m de là vers le sud se situe la source de l’Avant-Dheune, anciennement appelée la Vandaine32. Ce cours d’eau s’appelait en effet Vandana v. 1135, Vandene au XIIIe s., Vandainne en 1468, Vandaine jusqu’au XIXe s. avant qu’une reformation pseudo-savante ne le transforme en Avant-Dheune33. Si un mot gaulois *uindo- a pu signifier, « blanc, pur, béni »25, il paraît le devoir à une racine hydronymique, et donc à caractère religieux par le pouvoir thérapeuthique de ses eaux, *uind- dont l'origine serait à rechercher dans deux éléments proto-indo-européens, *u̯en-, avec le sens originel de « chercher à atteindre », puis d’ « aimer, vénérer, désirer »,et *dheu-, celui de couler ».


L'origine de Vienne remonte au vie siècle avant l'ère chrétienne, lorsque des Celtes y fondent une cité sous le nom Vindobona (ville blanche). En 15 av. J.-C., Vindobona devient un important fort romain de la province de Pannonie, défendant le limes, la frontière de l'Empire romain, qui fait face aux peuples germains situés plus au nord. Les vestiges archéologiques de la période romaine de Vienne sont néanmoins extrêmement modestes.


Au cours du Moyen Âge, Vienne devient successivement le siège des Babenberg (comtes puis ducs d'Autriche), puis des Habsbourg. Lorsque ces derniers accèdent au statut d'empereur, la ville devient la capitale du Saint-Empire romain germanique. Elle est cependant rapidement confrontée à la montée en puissance de l'Empire ottoman dont les troupes l'assiégèrent à deux reprises :


> En 1529, lors du premier siège de Vienne par les troupes du sultan Soliman le Magnifique, la résistance des Viennois et des 20 000 soldats permit de sauver la ville. En 1683, lors du second siège, Vienne dut son salut à Charles V de Lorraine et à l'intervention des troupes polonaises de Jean III Sobieski lors de la bataille de Vienne. Pour avoir échoué, le grand vizir Kara Mustafa, commandant les troupes turques, fut décapité par le sultan Mehmed IV. En 1815, grâce au talent de Metternich, la ville est le siège du Congrès de Vienne, qui définit la géopolitique pour un demi-siècle d'une Europe juste sortie des guerres napoléoniennes. Vienne est alors capitale d'un Empire d'Autriche qui s'étend de Milan à Lwow et de Prague à Raguse, incluant Venise, Zagreb, Cracovie et Budapest. En 1873, la ville accueille une exposition universelle au cours de laquelle démarre la crise bancaire de mai 1873, appelé aussi Krach de Vienne, le plus grand de l'histoire boursière.


La Première Guerre mondiale met fin à l'empire d'Autriche-Hongrie, dont Vienne était la capitale depuis 1867. De 1918 à 1934, Vienne est surnommée Vienne la rouge, en raison de l'arrivée au pouvoir d'une coalition de sociaux-démocrates et de chrétiens-sociaux. La municipalité sociale-démocrate développa une politique ambitieuse, avec notamment un vaste programme de constructions de logements ouvriers. La culture est nettement mise en avant : l’ « Arbeiterbildung » (la formation et culture ouvrière) règne en maître, et la ville abrite de nombreux intellectuels et artistes réputés internationalement. En 1934, les sociaux-démocrates sont écrasés par le régime de Engelbert Dollfuss.


En 1938, Vienne et toute l'Autriche sont rattachées à l'Allemagne nazie lors de l'Anschluss.


Le 13 avril 1945, l' opération Offensive Vienne permet aux forces soviétiques d'occuper la ville.


Après la défaite du régime nazi, Vienne est découpée en 4 secteurs d'occupation répartis entre les vainqueurs, de la même façon que Berlin.


En 1955, en pleine guerre froide, l'Autriche obtient son indépendance par le traité d'État autrichien et devient neutre sur le plan international. Vienne se modernise alors et devient, grâce notamment à la neutralité autrichienne, le siège d'organisations internationales comme l'ONU (Vienna International Centre) ou encore l'OPEP.